On a fêté la bière à Lomé: et après?

3 novembre 2014

On a fêté la bière à Lomé: et après?

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Que ce soit à Hollywood ou à Nollywood, que ce soit à Fasofilms ou à Togollywood, le scénario qu’on nous présente le plus souvent est que quand un acteur est accablé de problèmes, il essaie de les noyer dans l’alcool. Mais quand c’est tout un Etat qui se met d’accord pour noyer sa jeunesse dans la liqueur, constatez avec moi qu’on ne pourrait pas tomber plus bas!

    Plus que quelques jours encore, et l’édition 2014 de la fête de la bière à Lomé s’en ira mourir définitivement de sa belle mort. En dehors du fait que l’on a beaucoup festoyé, que l’on en est arrivé à se saouler avec nos mômes autour de la même table et que les libidineux se sont arrangés, avec la complicité de la liqueur pour se tromper de partenaires, qu’en aurons-nous retenu? Sûrement pas grand-chose. Tel ou tel directeur de société a pu ne voir dans cet événement érigé en tradition qu’une occasion d’exhiber aux yeux de la jeunesse, sa capacité à la rassembler autour d’idéaux peu reluisants. Ailleurs, l’on est plutôt fier en général du nombre d’enseignants par dizaines d’étudiants ou de la qualité de la connexion Internet qui est servie aux apprenants. A chacun ses priorités. Ainsi va le Togo. Mais justement parce que la jeunesse togolaise ne peut continuer à voguer au gré de l’incurie et du cynisme de certains de ses dirigeants, il urge de rappeler les priorités qui importent plus à cette frange de la population afin que nul ne vienne prétendre un jour qu’il ne savait pas. Ces dernières années au Togo, on assiste à une avalanche d’événements pour captiver l’attention des jeunes. C’est ainsi qu’il est facile d’entendre sur nos chaînes radio et télé : sous le haut patronnage de tel ou tel, il est organisé ceci ou cela.  De l’élection de la plus belle tarée du pays au défilé du plus beau mouton de la Tabaski, tout y passe et des futilités en veux-tu en voilà. À la fête de la bière de cette année,on n’a pas fait que distribuer de la bière. On a également partagé des préservatifs à quiconque tendait la main. Comprenez par vous-même qu’après avoir bu un coup, il faudra en tirer un également! On a présenté la chose sous le vocable de…

image et une caravane a même été mise à contribution pour sillonner les artères de la capitale. image Plus qu’un appel au sursaut, il s’agit pour moi d’enjoindre impérativement à nos dirigeants de se rappeler qu’ils se trompent de programme de société si jamais ils voulaient que les rêves de notre nation cessent de se perdre dans l’estuaire de l’insouciance et de la gabegie… image Hounsrou est mon voisin. Il est étudiant en année de licence à l’Université de Lomé et fait partie de ces fêtards qui font le succès de l’évènement. Il n’en a presque pas manqué la moindre journée. Mais quand on lui demande un compte rendu de ce qu’il a pu tirer comme bon parti de la « fête », il balbutie à n’en pas finir. À l’instar de Hounsrou, nombreux sommes nous à ne pas savoir réellement le plus que cet événement nous apporte pour qu’on l’érige en tradition dans la capitale du Togo. Sans toutefois vouloir m’ériger en donneur de leçon, la seule question qu’il vaille à mon avis que chaque togolais se pose est celle ci: allons-nous encore fêter la bière l’année prochaine? Et à quelle fin? Gbégnédzéanyi.

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Commentaires

Bruno BOCCO
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Encore un de ces articles pertinents, fiston!

Aux dernières nouvelles, un roi et une reine de la bière ont été élus... A quelle fin donc?

Cette fête a été également l'occasion de dépravations sans précédent.

On pourra évoluer le jour oú nous com prendrons que, si tout m'est permis, tout m'est pas utile. La fête ne peut conduire au développement.

A bon entendeur!

Arnaud BOCCO
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J'ai appris qu'il y en a qui doivent leur survie seulement à leur moto qui a pu reconnaître le chemin de la maison. Je ne sais par quelle alchimie. Peut-être la science nous expliquera.