TOGO: Le pari perdant des dirigeants, sur l’ignorance de leurs concitoyens

11 septembre 2017

TOGO: Le pari perdant des dirigeants, sur l’ignorance de leurs concitoyens

<<Si tu ne peux organiser, diriger et défendre le pays de tes pères, fais appel à des hommes plus valeureux…

Si tu ne peux être impartial, cède le trône aux hommes plus justes…

Si tu ne peux exprimer clairement tes pensées, donne la parole aux griots.>> extrait de l’hymne de l’empire du Ouasoulou, 19 ème siècle.

   Il sonnait 20h GMT ce mardi, quand tout a semblé s’arrêter au Togo. Un ministre de la République venait de donner le compte-rendu du conseil des ministres extraordinaire tenu ce jour. À peine avait-il terminé son allocution qu’une impression de malaise avait commencé par atteindre les togolais. Presque plus rien n’allait comme avant. On ne pouvait se transmettre des civilités comme jusqu’à il y a un moment. La vie a ralenti. Sur les réseaux sociaux, c’était la paralysie. Bref, les autorités togolaises avaient décidé de priver les paisibles citoyens de la déjà piètre connexion internet qui leur permettait de vaquer tant bien que mal à leurs occupations quotidiennes. Ce qui semblait partir comme un simple disfonctionnement était en effet un plan bien ficelé, réfléchi, nourri et mis en exécution. Les togolais venaient d’être coupés du reste de la planète terre.
    C’est en effet un réel malaise que de parler du Togo comme d’une réelle démocratie, à l’aune du troisième millénaire où tout semble aller à une vitesse supersonique et où chaque seconde qui passe, compte dans le quotidien économique social et que sais-je encore, des populations de la planète entière. Ailleurs, l’on est généralement fier de la qualité de connectivité qui est offerte aux hommes qu’on dirige, de la place que son pays occupe sur l’échiquier du concert des nations démocratiques, de la bonne impression que les autres envient à soi. Mais après tout, à chacun ses priorités, son orgueil, son désir de faire bien ou ses avidités éhontées. 

    Les autorités togolaises, si on peut leur concéder une once de bon sens, semblaient vouloir contenir les débordements sur les réseaux sociaux, des différentes marches que profilaient à l’horizon et les commentaires pas toujours exacts que semblaient en faire quelques individus. Mais à ce jeu, il faut reconnaître que Faure Essozimna GNASSINGBÉ et ses lieutenants s’y prennent de la manière la plus maladroite car aujourd’hui, ce monde virtuel qu’est celui de l’internet est une véritable pieuvre que l’on ne peut apprivoiser. S’il est un conseil à leur donner, c’est de songer à démocratiser, à rendre au peuple togolais son dû et à se faire plus obéissant face à des concitoyens qui ont fait d’eux ce qu’ils sont.

    Une pareille situation avait été créée dans un pays frère, la République Démocratique du Congo en effet. Et à propos, un grand éditorialiste s’était prononcé comme suit: <<Tout cela est assez pathétique! Toutes ces contorsions , ces exercices de style alambiqué  ne suffiront pas à dissiper cette impression assez minable que les dirigeants de la RDC sont convaincus que pour ne pas avoir à affronter les interrogations et la mobilisation de leur peuple contre ce qui se manigance , il leur suffit de le plonger dans le noir. Sevrer les populations d’information, les priver de communication. Il est proprement affligeant qu’au moment où d’autres ailleurs dans le monde se battent pour que tous les peuples notamment en Afrique aient accès à internet, il y ait des individus qui ne voient dans cet outil que les dangers que cela pourrait représenter pour leur pouvoir. Faut-il comprendre qu’un peuple instruit, cultivé, informé se laisse  moins facilement abuser que celui qui est maintenu dans l’obscurité; mais l’on est triste pour les gens qui prennent de telles décisions, parce que les dirigeants qui parient sur l’ignorance de leurs concitoyens sont perdant quelles que soient les causes qu’ils défendent.>>

    Ce dimanche soir 10 septembre 2017, après presque une semaine de sevrage, les togolais ont été reconnectés au monde, comme si leur cervelle avait été suffisamment exorcisée de l’évidence qui leur permettait de discuter entre eux en hommes civilisés, de s’apesantir sur la situation politique de leur pays bref, de se comporter en peuple intelligent, soucieux de rattraper le retard accumulé sur ses congénères d’ailleurs.

    Titubante et hésitante à l’image de la démocratie chancelante du pays, la connexion internet semble laissée à disposition de gens qui ne sont pas dupes, et, Dieu seul sait jusqu’à quand encore!

    Nous sommes là au cœur de la carence de leadership qui ruine aujourd’hui le devenir de ce pays. Comment qualifier une telle attitude? Du mépris? De l’irresponsabilité? De la nonchalance? Il y a un problème quoi qu’il en soit, et il est grave!!!
                                                  Gbégnédzéanyi.

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