Ces âmes reposeront-elles en paix?

29 octobre 2014

Ces âmes reposeront-elles en paix?

credit:borsalino.space-blogs.com
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Saviez-vous que même après la mort, le cadavre a du souci à se faire pour le sort qui lui sera réservé? J’en doute pour vous. Saviez-vous également qu’il existe des sous-produits du genre humain qui ne méritent aucun respect ? Vous ne le savez non plus !
Humm ! Je ne vous ai rien dit ! Mais vous qui vous attardez dans mon blog là, il existe des déments dans votre entourage je suppose ! Des membres de votre famille qui ont disparu sans que personne ne sache où ils se planquent ; pas vrai ? Et tous ces individus qui tirent leur révérence dans les geôles de nos États ? Ces accidentés de la route rendant l’âme et dont personne ne connaît les parents ? Vous êtes-vous déjà demandé à quelle sauce on les “mange“ ? Ici à Lomé, on en a déjà fait quelque chose d’assez ahurissant sous mes yeux. Eh ! Dieu du ciel !
Nous sommes le 18 octobre 2011, et cela faisait exactement trois semaines que ma famille et moi avons aménagé dans notre toute nouvelle demeure au Nouveau Quartier de Bè-Kpota. Bè-Kpota est une vieille banlieue de Lomé que tous les mordus de l’actualité pourraient connaître en raison des événements qui ont accompagné la présidentielles de 2005 dans mon cher pays le Togo. Heureusement que tout cela est dépassé maintenant et que  » plus jamais cela n’arrivera sur la terre de nos aïeux « . C’est le président Faure qui a dit.
Il devait sonner 15 h (TU) ce soir-là. J’arpentais fièrement la voie qui traversait le cimetière quand j’entendais au loin des bruits de sirène invitant les passants à dégager le passage. Je fis diligence pour laisser passer la cargaison. C’est alors que deux camions destinés au ramassage de sable se sont glissés sur le chemin, tous remplis de plusieurs caisses en bois qui débordaient presque. A mon avis, c’était un stock de produits de consommation déjà avariés que les services compétents en matière de sécurité alimentaire allaient faire détruire. Mais pourquoi c’est dans un cimetière qu’il faille réaliser l’opération ? Mais cela ne pouvait pas non plus être des cadavres humains, qui aurait mis à mort tant individus, me suis-je demandé.
C’est dans le creux de ce sombre doute que je me suis décidé à aller voir par moi-même ce qu’il devait advenir du macabre colis. Que ne fut ma stupéfaction quand je rattrapai tout essoufflé et haletant de fatigue, les deux camions avec leur contenu d’un genre si peu commode ! Déjà des riverains, comme avertis par un présage commençaient à emplir les lieux pendant qu’une pelleteuse qui avait devancé tout le monde, creusait vaille que vaille un trou grand comme ça. Disons plutôt une fosse. Bientôt nos deux camions commençaient à se vider de leur contenu. Djaaa ! Ce sont des cadavres humains dont on se débarrassait. Qui sont-ils ? Et leurs parents ? Pourquoi ne pas les enterrer comme tout autre cadavre digne de respect et de considération ? C’était là autant de questions qui lancinaient ma petite tête déjà bien mise à mal par le trop plein de cheveux que j’allais faire tailler avant d’avoir fait la sacrée rencontre. Mais ce qui m’intriguait le plus est que j’étais visiblement le seul pour qui l’opération manquait de normalité. Mis à part la traditionnelle compassion qui anime chaque être humain à la vue d’un semblable trépassé, les riverains semblaient presque habitués de la chose.
Ce soir là, je dormi la tête bien chargée de multiples idées et d’images qui s’enchevêtraient et se bousculaient. Où était partie la dignité de l’HOMME ? Entre l’être humain et le petit chien errant qu’un véhicule venait de faucher, où se situait la différence ? Je ne la trouvais vraiment pas ce soir là. La Sainte Écriture n’a-t-elle pas dit « poussière tu es, et à la poussière tu retourneras ? » Depuis ce jour, je me suis fait à l’évidence que le genre humain n’est rien, que nous ne sommes que des récipients vils sur la terre exilés, mais à tort, gonflés d’orgueil et de toute sorte de légèreté. Dans le patois qui est le mien, on dit « gogbalo ». Mais pourquoi c’était en pleine journée qu’il faille réaliser une telle opération au vu et au su de nous autres riverains frustrant au passage des âmes sensibles à l’instar de la mienne ?

Gbégnédzéanyi.

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