Burkina Faso: la fibre de l’intégrité ne faiblit pas

28 novembre 2014

Burkina Faso: la fibre de l’intégrité ne faiblit pas

 

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Plus d’un demi siècle « d’indépendance » tout au moins littérale, et jamais l’Afrique ne s’est sentie autant honorée par aucun de ses territoires. Écrasée par le poids d’une population assez respectable mais toujours inapte à vraiment tirer profit de l’intelligence de ses enfants, la mère Afrique semble ces derniers jours et pour une des rares fois, mise positivement au devant de la scène, et ce par la clairvoyance d’une frange de ses enfants: les burkinabés.

Alors que personne n’a encore oublié le moindre épisode de la nouvelle page d’histoire qu’écrit l’ancienne Haute Volta; alors que personne non plus ne semble visiblement en mesure d’expliquer les raisons de la célérité avec laquelle les choses se sont passées dans ce pays, revoilà déjà ce peuple qui donne pour une fois encore une autre leçon de gouvernance à ses autres camarades.
Tous debout comme un seul homme en ce jour du 30 octobre 2014, le peuple burkinabé a rappelé à tout apprenti juriste, cette définition que Abraham LINCOLN donnait de la démocratie sur le champ de bataille de Gettysburg un certain 19 novembre 1853: <<le gouvernement du peuple, par le peuple, et pour le peuple… >>

Voilà ce à quoi le régime de COMPAORÉ Blaise, alors président du Faso, n’a pu résister. Il payait ainsi le prix de vingt-sept années de règne sans partage sur un peuple qui s’exaspérait de ses oeuvres.
Et comme pour montrer aux bénis-oui-oui de ce continent que ce qui s’était passé sur leur terre n’avait rien de hasardeux, les « hommes intègres » ont pour une fois encore réalisé une autre opération qu’on pourrait qualifier comme étant de salubrité publique.
Un ministre du nouveau gouvernement de transition au passé manifestement trop pesant, avant même de s’asseoir, s’est vu relevé de ses fonctions. Monsieur Adama SANION, ancien Procureur de la République venait de se faire à l’évidence qu’il est de ces choses qui ne s’achètent pas. Ainsi du pouvoir, de l’unanimité et de l’amour d’un peuple.
En effet, en 1998, monsieur Adama SANION était Procureur de la République du Faso du temps de l’assassinat de ZONGO Norbert, journaliste de son État. Comme pour cacher quelque chose à l’intelligence populaire, M. SANION a du prononcer en 2006, un non-lieu pour ce dossier qui visiblement devrait emporter des têtes. Mais puisque « rien de nouveau n’existe sous le soleil », l’ancien Procureur n’a pu occuper son poste de ministre de la culture et du tourisme que le gouvernement de transition lui offrait. À peine deux jours de passées à son poste, et il a du  rendre le tablier face à la fureur des « hommes intègres ».
Ce geste que j’avais tantôt  qualifié comme étant de salubrité publique ne confirme que tout le bien que l’on pensait déjà de ce peuple.
Sur ce continent où l’on a presque toujours honte de l’agissement de la majeur partie des dirigeants, l’on se sent très honoré du réalisme dont fait montre le peuple burkinabé qui jusqu’alors, n’a de cesse de rappeler à tout le monde que <<quand on refuse, on dit non >>: Hamadou KOUROUMA.
Ce peuple n’a pas voulu de Adama SANION comme ministre de la culture. Aussitôt nommé, il a été relevé sans qu’on ait besoin de l’expertise d’un médiateur. Quelle maturité! Voilà le genre de réalisme dont l’Afrique a besoin.
Gbégnédzéanyi.

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