« Afôkou » ou danger: Nkurunziza crie au malheur

18 mai 2015

« Afôkou » ou danger: Nkurunziza crie au malheur

image

Confectionner ses ambitions à proportion de ses moyens et à la mesure des possibilités dont on dispose, cela ne doit sûrement avoir que du bénéfice.

En annonçant ce mercredi 12 mai 2015, sur les ondes d’une radio privée, la destitution du président de la République, le général Godffroy NYOMBARÉ, accompagné d’une poignée de hauts responsables de l’armée burundaise, eux tous profitant des mouvements de contestation relatifs au troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA, croyaient sûrement pouvoir venir à bout de ce régime après seulement quelques jours de combat autour des médias d’Etat essentiellement. C’était sans compter avec la détermination de la garde présidentielle et des équipements dont elle était pourvue.

Sans même s’assurer de ce que ces mutins seraient à même de remporter la partie, la presse internationale, dans un élan de fuite en avant a commencé à peindre un paysage digne d’un après Pierre NKURUNZIZA. Même des journalistes aux voix nettement plus autorisées sont allés si vite en besogne en prophétisant qu’il ne resterait plus au président burundais qu’à obtenir l’asile politique auprès de son homologue tanzanien, qui lui, se devrait de le retenir. L’on voudrait bien savoir au nom de quel principe!

Seulement voilà que telle une vulgaire buchette d’allumette, la mutinerie qui a eu la bien malheureuse inspiration de se greffer sur une contestation populaire tout aussi moribonde, s’est éteinte devant le surarmement, si j’ose m’exprimer ainsi, de la garde présidentielle. Tout cela ne fait pas du tout bon pour la démocratie africaine en générale, et pour l’équilibre du Burundi en particulier.

A présent tous ceux qui commettaient la légèreté de banaliser un coup d’Etat, devront se faire à l’évidence qu’il s’agit en fait d’une chose qui se prépare, d’une entreprise qui se réfléchit mûrement. Suis-je presque tenté de dire: ou ça passe, ou ça passe.

Toutes les populations des autres États d’Afrique qui oseraient se laisser contaminer par le syndrome du 30 octobre burkinabé, devraient réfléchir par plusieurs fois au dessein qu’elles seraient tentées de projeter. Je pense à la RDC, au Congo Brazza, et pourquoi pas au Togo?

Et ensuite?

    Ensuite, il conviendrait de constater avec regret que c’est un boulevard qui s’ouvre devant la furie répressive du président NKURUNZIZA Pierre, qui sûrement devrait considérer qu’il faisait juste un tarif minimum à l’endroit des populations contestataires de son projet de troisième mandat.

Déjà que monsieur Pierre est revenu de sa cachette beaucoup plus ragaillardi que jamais, avec la confiance et la détermination de celui qui a su triompher de ses ennemis, et que les plus grosses pointures de la mutinerie commencent à être mis au « gnouf », le peuple burundais devrait avoir bien du souci à se faire.

Le troisième mandat tant désiré par le président devrait être obtenu sans grandes difficultés, les libertés publiques devraient être encore plus mises à mal et dans cette morosité réelle, c’est la population qui se trouverait beaucoup plus martyrisée.

S’il est un conseil que je puis donner à Pierre N’KURUNZIZA, c’est de se montrer tolérant envers ses dissidents, et s’il se sent beaucoup trop orgueilleux pour devoir se priver d’un troisième mandat présidentiel, il devra s’atteler à organiser un scrutin électoral propre et dépourvu de toute souillure. Il devra avoir le courage de s’éclipser au cas où l’on ne votait pas pour lui. Il n’y a que comme cela qu’il pourrait confirmer qu’il n’est pas en fait le dictateur sanguinaire que l’on disait de lui.

Gbégnédzéanyi.

Gnouf: prison (dans le langage militaire d’Afrique).

« Afôkou »: Danger en Éwé (vernaculaire parlé dans le sud du Togo.)

Gbégnédzéanyi: j’ai dit en Éwé

Partagez

Commentaires