Scène de ménage au nouveau quartier de Bè-kpota: un invité de trop dans la cour du sergent Wiyao

8 avril 2016

Scène de ménage au nouveau quartier de Bè-kpota: un invité de trop dans la cour du sergent Wiyao

 

image
Crédit photo: Arnaud BOCCO

   Une belle-mère disait-on, cela se conserve le mieux possible. Mais si entre-temps, la crise économique est passée par vous, et que la gamelle familiale se révèle avoir un invité de trop, tous les moyens semblent bons, pour s’en débarrasser.

    En se réveillant ce matin, le Nouveau-Quartier de Bè-Kpota n’était que sonné par le joyeux vacarme qui a bercé son sommeil la veille.

    Wiyao est le seul corps habillé du Nouveau-Quartier de Bè-Kpota. Il n’a depuis toujours été connu que comme sergent de l’armée de son pays. Sa femme Prénam et son jeune garçon âgé de quelques mois seulement, constituaient avec lui, une famille plutôt remarquable et presque enviable, tant personne n’avait jamais entendu d’histoire prévenant de leur cour. C’est fort de ce constat que Wiyao se grouillait dur pour satisfaire les besoins de son petit monde. Mais seulement voilà, tout se gâta lorsque sa belle-mère, maman de Prénam, sans se douter du supplice qu’elle imposait à son gendre, décida de prolonger son séjour à Lomé, auprès de la petite famille, séjour qui déjà obligeait notre vaillant sergent à jouer de la grosse caisse et de la pioche pour rassembler le surplus quotidien exigé par la gamelle familiale. Au début, Wiyao pensait qu’il ne s’agissait que d’une simple visite de quelques jours, et que la vieille s’en retournerait vite fait d’où elle avait surgi. Il s’était leurré. Et c’est précisément face à cette déconvenue que le héros de notre histoire changea sombrement d’humeur dans la maison. Wiyao commença donc à rentrer du boulot bien tard, lui qui n’était pas connu pour être un noctambule. Pour mieux « digérer » les soucis nés de cet encombrement et des dettes qu’il a engendrées, il se mis également à boire. Tout ceci se faisait sans que le voisinage s’en doute, jusqu’à ce soir d’avril où revenu du boulot, Wiyao n’avait pas eu droit à son seau d’eau qui chaque soir, devait patienter à la salle de bain pour qu’il puisse se défaire de la crasse accumulée durant la journée. Prénam sa femme n’avait visiblement pu trouver aucune raison assez valable, à ce manquement. Le comble, c’était que sa part du dîner n’était pas non plus sur la table, et pour raison, sa belle-mère, entre-temps revenu d’un des nombreux réveils spirituels qui animent la ville de Lomé, s’en était emparée.  » n’nan n’avait rien mangé de toute la journée. Alors quand elle est revenue, je n’ai pu m’empêche de lui céder la pâte de mil qui restait. » Voilà ce que Prénam a répondu à son mari.

    Stupéfaction de notre sergent, pour qui il n’en fallait pas plus pour réveiller la colère, colère qui n’avait que trop été étouffée en sa personne. Wiyao s’empara de sa ceinture et entrepris d’apprendre à sa femme qu’un sergent était tout sauf méprisable.

    Le coup de jeûne forcé, il savait que sa femme n’était pas suffisamment bête pour le lui faire. Ce ne pouvait être qu’une idée provenant de la vieille. Un autre soir, rentrant de sa virée nocturne, il avait déjà surpris une de ces conversations qui se terminait par cette injonction de la vieille: « les hommes, c’est comme cela qu’il faut les traiter si l’on entend les avoir toujours aussi dociles. » Wiyao qui a attendu aussi patiemment l’occasion de prouver le contraire à cette vieille, ne pouvait pas rater le coche. Il commença malgré lui à rouer de coups sa dulcinée qui couru promptement se réfugier auprès de sa mère. Notre sergent ne souhaitait que cela. Faisant semblant de rater la fille, il malmenait la vieille. Prénam s’esquiva et devança sa mère au portail, hurlant que son homme était devenu.

    Avant que le jour se fut levé, Prénam et sa mère étaient bien loin de domicile de Wiyao le sergent.  Ce dernier en souffrira quelques jours, mais se dit-il, « au moins, cette vieille paysane ne reviendra plus lui pourir la vie avant bien longtemps. Pour sa femme, il trouvera sûrement le moyen de la faire regagner le domicile conjugal. »

    Une belle-mère, disait-on par le passé, était même plus chère que sa femme à soi. Mais depuis que la vie chère a pris place dans les quotidiens, tous les moyens sont bons, pour se débarrasser de certaines d’entre elles.
                               
                                Gbégnédzéanyi.

Partagez

Commentaires