Le blogging: cette passion qui ne fait pas des passionnés

24 décembre 2014

Le blogging: cette passion qui ne fait pas des passionnés

  

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  « Pour cacher quelque chose de bien à l’africain, il suffit de le mettre dans un livre ». Cette affirmation à bien des égards très insultante, je n’ai jamais su m’en accomoder jusqu’au jour où la paresse de lire s’est manifestée sous mes yeux.

L’atelier des médias a livré il y a quelques lunes, les résultats de la quatrième saison du concours mondoblog. Et comme je l’espérais, j’ai été parmi les heureux élus.

Vous ne pouvez pas imaginer quel joie cela fait au jeune africain d’avoir son mot à adresser au monde.

Désormais, je faisais partie des internautes les mieux hébergés au monde. Je n’allais plus me contenter d’écouter Jean-François CADET présenter son édition du journal sur Radio France Internationale. Je n’allais plus me résigner à entendre Laurent SADOU faire ses tournures à n’en plus finir dans son créneau quotidien d’ « Afrique-midi ». Alain FOKA allait moins me narguer avec son « débat africain » de chaque dimanche matin. Bref, j’étais devenu camarade avec les journalistes de Rfi; j’étais désormais leur collègue. Seulement qu’eux autres ont leur bureau à Issy-les-moulineaux alors que moi ,je suis en Afrique.

Pour tout connaisseur du continent africain, où l’on en a marre de végéter dans le néant, où tout le monde a cette folle envie d’émerger, où personne n’hésite à faire savoir à tout le monde qu’un brun de gloire a commencé par parfumer son quotidien, travailler d’une manière ou d’une autre avec Radio france internationale, était une information à divulguer le plus possible, à faire savoir à tout le monde.

Et puisque je suis un africain comme tout les autres, et togolais de surcroît, je n’allais pas feindre de ne pas vouloir être connu. Voilà maintenant que, si en tant que blogueur, j’avais envie de me faire savoir, le moindre geste, c’était de l’annoncer à mes copains; de ventiler le plus possible le nom de mon blog. Bref, je devais me faire lire. C’est justement ici que dame désillusion refait surface, et avec quelle violence! C’est dans l’accomplissement de cet exercice que le jeune blogueur en gestation se refait à l’évidence qu’entre lui et Juan GOMEZ, il y a une énorme falaise. Qu’il n’est pas le camarade de Hassane DIOP. Qu’il ne ressemble même pas à Peter DOGBE.

Ce matin de décembre 2014 comme tous les autres, je me suis réveillé avec cette sempiternelle envie de me faire lire le plus possible. Le hasard faisant bien les choses, je suis tombé sur un groupe de camarades qui squataient la connexion internet d’un heureux bienfaiteur qui n’a pas eu le réflexe de câbler son réseau. Quel meilleure occasion pouvait s’offrir à moi!?! Du coup je n’ai pas hésité à faire croire à tout le monde que j’étais un voisin de Ziad MAALOUF. Comme à chaque occasion, je réussis, à capter l’attention de tout le monde. On s’empresse de se connecter à mon blog, je propose les meilleurs de mes billets, et tout le monde commence à lire. Mais comme toujours le mal héréditaire rattrape les lecteurs: la paresse de lire…

 

 

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    presque tout le monde a à peine lu la moitié d’un article, puis a promis d’y retourner, avec cette question qui revient à chaque fois: « comment arrives-tu à raconter tout cela »?

Dans cette Afrique où la faim constitue le lot quotidien du citoyen lambda, où la capacité économique ne permet pas de s’offrir un roman plutôt qu’un sac de riz, dans cette Afrique où la lecture n’a pas toujours été la priorité des uns et des autres, il faut avec regret se refaire à l’évidence que pour cacher quelque chose de précieux à l’africain, il faut toujours le mettre dans un livre.

    Au Togo, on se rappelle que la miss Togo 2014 avait choisi de promouvoir la lecture durant tout le temps que va durer son règne, mais en attendant, les premières campagnes de lecture se font attendre.

Pour ma part, je vais continuer par me déverser sur « le point de l’observateur » en espérant que la lecture saura coloniser avant longtemps le quotidien du nègre.

Gbégnédzéanyi.

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Commentaires

POLO
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je suis malheureusement de ton avis Monsieur le camarades des grands et grandes animateurs(rices) de la très écoutée RFI.
Je fais malheureusement parti de cette catégorie à qui, lire est non une passion mais pas moins une contrainte.Cependant je reste convaincu qu'on pourrait s'en sortir,puisque la connaissance y est et attend le lecteur.J'espère changé en commençant dès à présent avec vous les bloggeurs.Après tout c'est de la culture et non de la nature qu' il est question nespa?