JAMMEH Yahya en atelier pour la réécriture de la démocratie, à la gambienne…

12 décembre 2016

JAMMEH Yahya en atelier pour la réécriture de la démocratie, à la gambienne…



<<Chassez le naturel, et il revient au galop…>> Voilà un adage qui par ces dernières heures, sied si bien à la Gambie et à son président entre-temps sorti, Yahya JAMMEH, adage dont l’auteur m’échappe en tout cas, tant le degré de la forfaiture, elle-même sortie du commun, m’impressionne. Il est parfois sur ce continent des choses tellement trop belles, des réactions à la limite trop justes pour être vraies, trop intelligentes pour être conservées. C’est la sombre impression que Yahya JAMMEH l’actuel président gambien donne depuis un peu plus de deux semaines.



<<Autant j’ai accepté les résultats car j’ai cru que la commission était indépendante et honnête, désormais je rejette les résultats en totalité. Laissez-moi répéter: je n’accepterai pas les résultats>>. Voilà la toute dernière nouveauté sortie sur le continent par l’un des dictateurs dont l’Afrique désirerait tant se débarrasser.
Faudra-t-il que je reverse dans un petit rappel des faits…?
Il y a une semaine, les élections présidentielles organisées sur cette bande de terre cloîtrée dans le ventre du Sénégal, donnaient l’opposant de vieille date Adama BARROW vainqueur du scrutin. Avec 260,515 voix contre 212,099 pour le président sortant puis 102,969 voix pour Mama KANDEH le troisième au classement, monsieur BARROW s’était révélé le successeur naturel de celui a qui Dieu lui-même s’est toujours adressé, celui pour qui Allah le miséricordieux daigne descendre de son piédestal pour murmurer des choses à l’oreille. Et comme encore poussé par ce présage heureux, Yahya JAMMEH a donné l’impression de se démarquer de ses pairs autocrates qui eux autres au fil du temps, se sont révélés comme n’étant nés que pour être président de leur République. Le désormais président sorti est même allé au-delà des espérances, en passant un coup de fil à son adversaire aux fins de le féliciter de sa victoire, de le congratuler de son exploit. Bref, Yahya JAMMEH reconnaissait contre toute attente sa défaite aux élections présidentielles. Mais justement parce que le meilleur ne relève pas du naturel dans le quotidien de cette « sombre » Afrique, il ne restait plus que cette dernière sortie en date du dictateur gambien, pour rappeler à tout le monde que cette reconnaissance manifestée à l’égard de son challenger la semaine passée n’en était pas vraiment une, et que cette impression de conversion que le monde entier avait commencé par avoir de lui, n’était que factice.
Yahya JAMMEH espère donc reconquérir l’électorat, en réclamant à la commission électorale, l’organisation d’un nouveau scrutin. Quelle bassesse!
Ce qui a pu pousser Yahya à ce revirement…


Sentant les privilèges liés de la fonction lui échapper désormais, Yaya n’a sûrement pas pu digérer le fait de redevenir simple citoyen lambda, simple gambien comme tous les autres après tous les délices qu’il a connus lorsqu’il était perché là haut. Pire, ayant eu écho de l’intérêt un peu trop prononcé que la justice pourrait commencer à avoir à l’encontre de sa personne, le dictateur a sûrement cru devoir tout clore, en revenant sur sa parole, en se desaisissant volontiers de la bonne impression que l’on a commencé à se faire de lui ailleurs. Avant même d’espérer rentrer dans le glorieux cercle restreint des dirigeants que l’on pourrait donner en exemple, Yahya JAMMEH s’est résolu à ne point s’accommoder d’une quelconque félicité.
Comment penserait-il arriver à ses fins..?


L’on pourrait se targuer d’avoir fini par comprendre la raison pour laquelle il y a quelque moment, le dictateur a gradé un certain nombre de militaires qui composent son armée. Visiblement préparait-t-il des hommes, ces fidèles qui voudraient bien rester à ses côtés quand le sinistre mal de la perpétuité au pouvoir viendrait à le reprendre. Yahya JAMMEH devra donc s’atteler à dompter de nouveau son peuple, à forcer la docilité de celui-ci.
Un sombre épisode profile à l’horizon, exactement comme on le redoutait dans le cas burundais avant la présidentielle d’il y a un an, alors que la communauté internationale et consorts, regardaient hébétés le carnage orchestré par N’KURUNZIZA, sans vraiment rien dire. Comme si cela ne suffisait pas que ce dernier massacre son peuple.
Je ne saurais terminer ce billet en manquant de citer David ANANOU, un écrivain togolais qui épiloguait comme suit aux termes de son oeuvre Le fils du fétiche<< Maintenant que partout s’impose impérieusement le problème de l’évolution, il importe avant tout de faire acquérir à nos âmes la taille de leur âge afin qu’elles puissent combattre le bon combat. Opérons une profonde transformation en nous et autour de nous. Purifions nos moeurs. Mettons un peu de lumière dans nos pratiques. L’obscurantisme est peu favorable au progrès. L’Afrique espère beaucoup de ses enfants. Avec sympathie ou scepticisme, les étrangers nous regardent faire et attendent les résultats. Allons-nous trahir la Patrie en agissant comme les singes qui font toujours quelque chose et n’ont jamais rien fait?>>

Gbégnédzéanyi.

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